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L'oeil de Roger Smith
21 mars 2013

Vive Médiapart !

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Que se passe t'il ? Moi, utilisateur de gauche de Twitter, je fais sur mon blog un billet avec comme titre "Vive Médiapart" ? Tout va bien, je ne prends aucune drogue, je n'ai pris aucune cuite ces derniers temps, je suis...cohérent avec moi-même. En prime, une réponse à Guillaume Peltier et à certains éditorialistes.


Vive Médiapart ! On peut me demander de hurler ça dans un mégaphone sur les Champs-Elysées, je le ferai volontiers et sans gêne ! Certains blogueurs de gauche, comme Politeeks s'étonnent à juste titre du changement d'attitude chez les twittos et blogueurs de gauche vis à vis de Médiapart. Lire ici : http://politeeks.info/mediapart_usure_emotion On pourrait dire que tout est dit et pourquoi je me fatigue à faire un billet. Je vais expliquer pourquoi je rejoins cette vision des choses. Revenons quelques années en arrière, pas la peine de remonter loin : en 2010. Révélations de Médiapart sur l'affaire Bettencourt avec Eric Woerth en guest-star. Nicolas Sarkozy impliqué à son tour par la suite. La justice s'empare de l'affaire. Forcément, on se frotte les mains, non ? Pas par haine, mais parce que si la justice s'en mêle, c'est que c'est sérieux surtout au moment où on fait avaler des couleuvres aux Français sur les retraites, les taxes et des largesses fiscales diverses et variées pour Liliane Bettencourt and co. Que fait Eric Woerth ? Il se maintient à son poste de ministre, le procureur chargé de tout ça n'est autre que Philippe Courroye, ami de l'ex-maire de Neuilly qu'on appelait aussi à l'époque le "squatteur de l'Elysée." Courroye n'avait même pas convoqué Woerth, il s'est déplacé à son ministère, et pas pour apprécier la qualité du café.

Une enquête ouverte, un procureur ami du pouvoir, un ministre accusé s'accrochant à son poste de ministre... C'est louche, non ? Quel est le réflexe alors ? On hurle contre la magouille qui se prépare, les amitiés pouvant jouer à plein régime, l'absence d'indépendance de la justice et dans la foulée des collègues de Woerth évoquant des "méthodes fascistes" de la part de Médiapart. Que s'est il passé déjà ? Levée de boucliers, Médiapart devait être défendu et en prime, il faut lyncher Woerth et Sarkozy. A juste titre. Edwy Plenel incarnait l'indépendance et la liberté de la presse dont Médiapart semblait être le dernier bastion encore debout sous le régime Sarkozyste et des tentatives de destabilisation apparaissaient. Contre Sarkozy et tout ce qu'il incarnait, Médiapart devenait un symbole qu'il fallait défendre et encenser. A juste titre encore. Je précise aujourd'hui à ceux qui, à droite, font un numéro larmoyant sur le soldat Woerth que le lynchage de certains de nos élus qui reprenaient ce qu'on disait était lié au fait que Médiapart était attaqué, Courroye était chargé de cette affaire et que Woerth se maintenait au gouvernement. Ni plus ni moins. La présomption d'innocence n'a rien à voir et le bénéfice du doute est vite entamé au point de ne plus être considéré comme une précaution tant certains choix et certaines attitudes étaient peu orthodoxes pour rester soft.

4 décembre 2012 : Médiapart affirme que Jérôme Cahuzac détient un compte en Suisse. Stupéfaction, étonnement, mais on se dit que Médiapart, c'est quand même pas une équipe de canard boiteux sauf que cette affaire pourrait faire pschiit tant c'est énorme. Alors on a redécouvert les méthodes de Médiapart avec les révélations épisodiques. Ben oui, mais c'était pareil pour Woerth. Quand on a des premiers éléments semblant crédibles, on balance et on enquête pour voir ce qu'il se cache en dessous de la partie émergente de l'iceberg. La provenance de l'enregistrement ? Un ancien adversaire de Cahuzac à Villeneuve sur Lot datant de 2001 et ne sortant que maintenant. Je sais, moi aussi je m'interroge, à savoir : pourquoi ça ne sort que maintenant ? On a des doutes, forcément. Mais c'est de la faute à Médiapart ? On doit mettre de côté le reste de l'investigation de côté pour en juger que ce média d'information sur le net que l'on qualifiait hier de libre et indépendant et qu'on qualifie désormais chez certains comme étant forcément partisan du FN ou de je ne sais qui d'autre ? S'ils se vautrent, ils ne gagnent rien dans l'histoire. Cahuzac serait réhabilité et Médiapart perdrait gros, notamment sa réputation et sa sympathie chez les gens. Ils ont fait ça car beaucoup d'éléments interpellent. Moi-même, je ne remets pas en cause la présomption d'innocence de Jérôme Cahuzac. Mais si on apprenait que Médiapart avait des infos sur lui, qu'ils les cachent, qu'on le découvre et que ces infos étaient exactes, que dirait-on ? Médiapart, même si c'est dur car c'est le gouvernement, donc le PS, qui est visé, ne fait rien d'autre que son job.

Enfin, on entend tout et n'importe quoi depuis la démission de Jérôme Cahuzac. Des éditorialistes s'interrogent sur Médiapart et Guillaume Peltier dénonce de faux Robespierre ou alors il parle de dérive anglo-saxonne. Mouais, s'il dénonce le French bashing, les hebdos virant tabloid en reprenant ses thèmes favoris (Islam, assistanat etc), c'est bien une dérive anglo-saxonne. Sinon, des médias caniches, l'absence d'indépendance et d'investigation (avec le risque de se planter), c'est le journalisme tel qu'il doit être au XXIème siècle ? C'est ça qu'on veut encore en France ? Non merci, sans façons. Et nous à gauche, en quoi sommes-nous crédibles si on dit le contraire de ce que l'on pensait il y a 2 ans et demi et si on brûle ce que l'on a admiré hier ? On aura l'air fin si demain Médiapart balance des dossiers sur la droite et que si cette dernière l'attaque, on refait ce qui a été fait il y a 2 ans et demi, c'est à dire reprendre cette attitude qui à l'époque n'était pas une posture. Sauf que cette fois, on pourra nous renvoyer ce mot en pleine figure et on ne pourra pas la ramener.

Au fond, ça consisterait à être une girouette tournant et changeant de direction selon le sens du vent.

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